Pantocrator – de pan, tout, et kratos-, pouvoir – signifie littéralement ‘tout-puissant’. On le traduit souvent par ‘maître de tout’.
C’est le grand titre du Christ-Jésus qui Est toujours le Pantocrator bien que ce nom soit aussi celui d’icônes spécifiques. Dans ces représentations, le Christ est revêtu d’un himation (manteau) bleu, symbole de la divinité qu’il partage avec les deux autres Personnes de la sainte Trinité, et un chiton (tunique) rouge, symbole de l’humanité, personnelle et générique, qu’il partage avec nous.
Ces attributs, combinés aux traits de son visage et aux inscriptions – IC XC et le ‘WON’ (ou ‘OWN’) de son nimbe crucifère – permettent de le reconnaître.
Les icônes du Pantocrator le montrent parfois en pied, comme sur les déisis, mais il est plus courant pour nous de le voir jusqu’à la taille, tenant le Livre des Écritures (ouvert ou fermé) d’une main et bénissant de l’autre. Les représentations en buste sont parfois dites ‘du Sauveur’ pour les distinguer des grandes figurations plus solennelles.
L’habit rouge et bleu du Christ sur les icônes du Pantocrator les distinguent de celles dites du ‘Christ en gloire’ et du Christ transfiguré ou ressuscité. Dans les premières, tout son vêtement orangé est illuminé d’or, symbole de sa gloire. L’Emmanuel est habituellement ainsi vêtu. Dans les secondes, il porte un vêtement blanc signifiant la pure Lumière qu’il est de toute éternité et que la kénose de l’Incarnation voile, mais ne diminue pas.
L’omnipotence, le synonyme latin du pantocrator grec, est l’apanage de Dieu, mais le Verbe incarné, Dieu avec Dieu, est toujours représenté dans les icônes sous son aspect humain. Au VIIIe siècle, saint Jean Damascène précisera que ce ne sont ni la divinité, ni l’humanité qui sont figurées sur les icônes car ils s’agit d »essences’, par définition, irreprésentables. Ce que l’icône montre, ce sont les caractères humains de Jésus-Christ que l’Église chrétienne confesse comme vrai Dieu et vrai Homme : entièrement Dieu, de toute éternité et durant sa vie terrestre, et entièrement Humain jusque dans sa gloire (après sa Résurrection et son Ascension).
En sa personne indivise, ses deux natures communient sans opposition ni rivalité et sans confusion ni mélange.
Michèle Lévesque
M.A. Théologie et iconographe 2011-09-07