Précautions à prendre en vue du transport, de l’accrochage et de l’entretien d’une icône
L’icône est protégée par un vernis à base d’huile appelé olifa. Ce vernis prend un certain temps à sécher et il peut rester ou même redevenir collant plusieurs mois après le vernissage quand la température et l’humidité de l’air sont élevées. Ce problème se rencontre moins avec les vernis commerciaux contenant des résines, tel le vernis artistique au Damar, lesquels sèchent et durcissent habituellement plus rapidement que l’olifa. Les conseils qui suivent sont donnés pour les deux situations.
Emballage en vue du transport
Pour emballer l’icône en vue de son transport, il faut prendre un papier de soie blanc et mettre le côté mat sur la peinture de l’icône. Le côté mat a moins tendance à adhérer au film d’huile que le côté glacé – contrairement à ce que l’on pourrait penser spontanément.
Si le papier colle sur la surface de l’icône, humidifier légèrement celui-ci avec de l’eau claire en l’aspergeant délicatement. L’eau va se glisser entre le film d’huile et le papier de soie et celui-ci sera alors facile à décoller. Lever très doucement le papier, sans forcer.
Il ne faut pas utiliser de pellicule plastique ou de papier bulle directement sur l’icône, que celle-ci soit vernie ou non. Le plastique enferme l’humidité, tandis que le papier bulle et autres pellicules texturées peuvent de plus incruster des marques dans le vernis ou même la peinture. Il est toutefois possible utiliser du papier bulle ou autre film protecteur par-dessus l’emballage de papier de soie. Pour les icônes fraîchement vernies, il faut alors s’assurer que cette protection n’est pas lourde au point d’écraser et plaquer le papier de soie sur le support. Cette dernière recommandation s’applique tout particulièrement pour les icônes sans cadre creusé et celles de grand format, creusées ou non.
On peut ensuite déposer l’icône dans une boîte pour le transport. Si la boîte est en carton, en bois ou en une autre matière fibreuse, le papier de soie protégera la surface des poussières qui risqueraient autrement de tomber sur elle à partir du dessous du couvercle. Les boîtes de plastique, parfaitement lisses, sont aussi adéquates, à condition de ne pas y laisser l’icône trop longtemps, surtout si elle est fraîchement vernie, car elle ne peut ‘respirer’ dans le plastique étanche.
Dans tous les cas, l’icône doit être laissée à l’air libre le plus rapidement possible. Cela est vrai techniquement, surtout si l’icône est ‘jeune’, mais aussi spirituellement car l’icône est une prière et sa place est devant notre regard.
Installation de l’icône
Idéalement, une icône n’est pas accrochée au mur, mais simplement déposée sur une tablette ou un trépied. Les russes avaient la tradition du Coin rouge, dit aussi Angle de Beauté (‘rouge’ – красный – et ‘beau’’ – красивый – étant des quasi homonymes en russe), place d’honneur de la maison où les icônes étaient déposées. La tablette et le Beau Coin ne sont toutefois pas des règles canoniques. On peut donc accrocher l’icône au mur grâce à un crochet fixé à son dos, comme celui montré ci-contre. Il ne faut pas employer de crochets auto-adhésifs, même pour les icônes de petit format, car ils ne sont pas sécuritaires.
Si on utilise une tablette, il faut s’assurer que l’icône est bien stable. Les tablettes avec une rainure peu profonde creusée à la toupie, comme celles montrées sur les photos ci- contre, sont idéales.
Si on utilise un bord de tablette ou un trépied, comme ceux montrés ci-dessous, il faut s’assurer que la bordure de plastique, de métal ou de bois n’endommage pas lasurface de l’icône (cf. flèche rouge, ci-dessous). Décoratifs, les mini-chevalets en bois sont toutefois rarement adéquats en raison de leur plateau trop étroit pour les planches d’icônes traditionnelles (cf. flèche bleue, ci-dessous).
Sur les tablettes larges, les meubles et autres surfaces plates, les pellicules anti-dérapantes, comme celle illustrée ci-contre, stabilisent bien les icônes de petits et de moyen formats à condition que l’icône soit déposée à angle par rapport au mur (ou autre surface verticale) sur laquelle elle s’appuie.
Dans le cas de lourds supports d’icônes (ex. MDF, bois pressé, plywood russe, etc.), il faut choisir un type d’accrochage sécuritaire correspondant aux possibilités du dos du support, selon que ce dernier est une planche pleine, un panneau monté sur un châssis (ex. en 2’’ x 4’’) créant un espace vide au dos, etc. Pour les icônes de grand format peintes sur de tels panneaux lourds, il est recommandé de soutenir la planche à la base à l’aide de fer-angles (exemple : page précédente, en bas, à droite).
Nettoyage de l’icône
Comme nous l’avons souligné en introduction, l’icône est protégée par un vernis à base d’huile, lequel peut ou non contenir des résines. Selon le type de vernis, le mode de nettoyage de l’icône peut varier.
On distingue la surface peinte du dessous et des côtés (ou chants) de l’icône car il est fréquent que leurs modes de protection respectifs soit différents. Plusieurs combinaisons sont possibles – par exemple : olifa sur l’image et teinture sans vernis (traditionnellement le brou de noix) sur le dos et le chant ; olifa sur l’image et vernis avec résine sur le dos et le chant ; vernis avec résine sur toute l’icône ; teinture ou vernis à résines recouvert d’encaustique ; etc.
Règle général, le chamois naturel est idéal pour dépoussiérer une icône. Humidifié et bien essoré, on le passe délicatement sur la surface par petits coups légers. Si l’icône est de petit format ou pour un nettoyage sectoriel, le doigt légèrement humecté de salive fait aussi un très bon travail. Attention de ne pas passer de chamois (ou autre linge) humide sur les chants et les dos d’icônes traités seulementau brou de noix ou autre teinture à l’eau et non vernis, au risque de dissoudre la teinture.
Quand l’olifa est parfaitement sec, ce qui peut prendre plusieurs mois, on peut épousseter avec un plumeau sec et très propre, mais il faut alors s’assurer que le plumeau est d’assez bonne qualité pour ne laisser aucun résidu de fibre, de plume ou autre. Y aller prudemment car si de la charpie colle dans l’olifa, il peut être très fastidieux, voire impossible, de l’enlever. On peut aussi épousseter avec un linge non pelucheux, propre et sec – sous réserve du respect des recommandations données plus haut et jamais sur une surface qui n’est pas parfaitement sèche.
Source des images
Boîtes : http://upload.ecvv.com/upload/Product/20089/China_telescope_box20089131627284.jpg ; http://s3.amazonaws.com/spacesavers/14405-clear-stacks-33-quart-plastic-storage-container-by-iris_1_375.jpg{Dern. cons. 2012-04-10}.
Fer-angle : http://www.sfmguisset.fr/WebRoot/StoreLFR/Shops/62027522/4B37/8899/30F4/1AFC/D406/C0A8/28BA/B8F4/MON_514230.j pg_equerre_de_meubles.jpg {Dern. cons. 2012-04-09}.
Papier de soie : http://lesloisirsdetixi.free.fr/foto_impression%20sur%20papier%20de%20soie/Photo%20001.jpg et http://thumbnail.image.rakuten.co.jp/@0_mall/hanjo/cabinet/ikou_20100309_002/img10475067596.jpg {Dern. cons. 2012-04- 07}.
Peau de chamois : http://www.ugap.fr/images/media-wp/2011/09/590101_peau-de-chamois-naturel-39x59cm-25-14-136- 1699962_400.jpg {Dern. cons. 2012-04-09}.
Pellicule anti-dérapante : http://www.hyperdutapis.com/compte/yy-tapis-creezvotreboutique-com/images//roul_antiderap.jpg {Dern. cons. 2012-04-10}.
Supports et mini-chevalet : http://www.trophee-pas-cher.com/boutique/images_produits/zXCH.jpg ; http://www.carrelutz.fr/8938- 20293-thickbox/chevalet-assiette-laiton.jpg ; http://www.globeimports.com/ProdImages/H-26664F.jpg ; http://media- divers.scrapmalin.com/produit/original/79616-1.jpg {Dern. cons. 2012-04-10}.
Toutes les autres photos (tablette creusée, crochet et icône) : Institut Périchorèse par Michèle Lévesque, 2012.