Bonjour,
Je me sais parfois « pas reposant » mais il y a des questions auxquelles je ne peux me soustraire. Je vous soumets humblement dans le document en pièce jointe les questions que me pose l’icône du Christ vigne. Me serait-il possible, selon vous, de soumettre ces questions aux iconographes? Je crains de bousculer l’orthodoxie mais en même temps, je me sens obligé de pousser la réflexion pour que nous arrivions à une iconographie qui corresponde à notre foi. Je vous serais reconnaissant de vos commentaires.
-Michel
L’icône du Christ et ses disciples
JEAN 15, 1-5
Moi, je suis la vigne, la vraie, et mon Père est le vigneron.
Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il l’enlève, et tout sarment qui porte du fruit,
il l’émonde, pour qu’il en porte encore plus. Émondés, vous l’êtes déjà
grâce à la parole que je vous ai annoncée. Demeurez en moi,
et moi en vous.
Comme le sarment ne peut porter de fruit
de lui-même sans demeurer sur la vigne,
ainsi, vous non plus, si vous ne demeurez
pas en moi.
Je suis la vigne, et vous les sarments.
Qui demeure en moi, et moi en lui,
celui-là porte beaucoup de fruit,
parce que sans moi vous ne pouvez rien faire.
Commentaire :
L’image de la vigne et de ses branches montre que la vie du chrétien est essentiellement une vie productive, une vie qui porte fruits. La vie chrétienne est un apport positif à la vie du monde.
Ce discours affirme que la relation du chrétien au Christ, la communauté de vie qu’ils partagent et la vie même du Christ, sont la source des bonnes œuvres des chrétiens.
Cette image est centrale pour la vie chrétienne : la communauté de vie avec le Christ est la condition pour porter du fruit, pour plaire à Dieu, mais aussi cette communion exige de porter du fruit sans quoi elle sera rompue.
C’est ici toute la vie chrétienne qui est donnée en image : la communion au Christ résulte nécessairement en bonnes œuvres pour le monde qui y trouve les fruits qui permettront sa croissance. Cette communion nous élague de ce qui nous empêche d’agir. La Parole libératrice de la Loi conduit à l’amour et donc à l’action en faveur du prochain, de la personne dans le besoin.
Compte tenu de la portée de cette image pour la vie de tout chrétien, on peut s’interroger sur le fait que l’icône qui en résulte ne place que les douze comme sarments du Christ. C’est un peu comme si le seul fruit de la vie du Christ était l’Église ou plutôt les Églises fondées par les apôtres. Ne serait-il pas plus à propos de placer les disciples, les saintes femmes comprises, elles qui ont suivi le Christ dans tous ses déplacements. Notamment, Marie-Madeleine qui est restée avec le Christ après son arrestation, qui a assisté au procès, qui a suivi jusqu’au pied de la croix, qui s’est rendue au tombeau et qui a été le premier témoin de la résurrection.
Peut-on concevoir une icône du Christ en communion de vie avec ses disciples, des hommes et des femmes? Pourquoi exclure les femmes qui ont été en communauté de vie avec le Seigneur et qui ont porté du fruit? Comment ignorer la Mère de Dieu dans une telle icône? Ce n’est pas une question d’aller avec l’air du temps c’est une question de vérité! Les icônes n’illustrent-elles pas le sens de l’Écriture? Or le sens du texte présentant le Christ comme la vigne et ses disciples comme les sarments porte un sens plus universel de charité que la simple expansion de l’Église. L’icône ne pourrait-elle pas en tenir compte? Les iconographes d’aujourd’hui peuvent-ils travailler pour offrir une icône plus proche de l’enseignement du Christ qui s’adresse à tous ses disciples, hommes et femmes?
On trouve déjà des icônes qui expriment cette richesse des fruits portés par les disciples. C’est le cas de l’icône du Christ vigne de l’Europe. Les sarments sont constitués par les saints et les saintes du continent. La diversité des fruits est ainsi mieux exprimée.
Voici cette icône qui pourrait aussi servir de prototype pour l’écriture d’une icône du Christ vigne.
Source de l’image :
La voix de Catherine de Sienne (2005), 4 (136), déc. 2005-janv. 2006, p. 3.
http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/catherine/revue/page18.htm
A – Ste Brigitte de Suède
B – Ste Thérèse-Bénédicte de la Croix
C – Ste Catherine de Sienne
D – St Benoît de Nursie
E – St Méthode
F – St Cyrille
1 – Ste Clotilde, reine des Francs (France)
2 – St Edouard, roi des Anglo-Saxons (Angleterre)
3 – St Séverin, laïc (Autriche)
4 – St François d’Assise, religieux (Italie)
5 – Ste Catherine de Suède, moniale (Suède)
6 – St Henri d’Uppsala, évêque et martyr (Finlande)
7 – St André, apôtre (Grèce)
8 – Ste Ludmila, reine et martyre (République Tchèque)
9 – St. Barnabe, apôtre (Chypre)
10 – St Knud, roi et martyr (Danemark)
11 – Ste Thérèse cf Avila, religieuse (Espagne)
12 – St Gorazd, évêque (Slovaquie)
13 – Ste Walburge, moniale (Belgique)
14 – St Etienne, premier martyr (Slovénie)
15 – St Etienne de Hongrie, roi (Hongrie)
16 – Ste Elisabeth, reine (Portugal)
17 – St Jean de Cronstadt, prêtre (Estonie)
18 – St Boniface, évêque (Allemagne)
19 – Ste Cunégonde, princesse (Pologne)
20 – Ste Ita, moniale (Irlande)
21 – St Paul, apôtre (Malte)
22 – St Willibrord d’Echtemach, apôtre du Luxembourg
23 – Ste Lidvine, mystique laïque (Hollande)
24 – St Meinard – évêque (Lettonie)
25 – St Casimir-roi (Lituanie)
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Comme on le voit, une icône du Christ vigne pourrait placer sur les sarments les saints et les saintes d’un pays, d’un continent, d’une époque. Il pourrait aussi s’agir des premiers disciples du Christ ou encore de saints et de saintes représentant divers charismes.
La méditation du texte évangélique devrait nous conduire vers l’expression de notre foi dans cette icône si fondamentale pour exprimer le lien qu’il nous faut avoir avec le Seigneur. N’est-elle pas en lien avec cet arbre de l’icône du baptême qui une fois élagué de ses branches mortes porte du fruit en abondance? L’icône du Christ vigne poursuit l’expression du sens de notre baptême.