Calligraphie et perspective : dessin du Livre

1. Exemple de conception d’un livre en vue de l’écriture d’un texte

Au même titre que les autres éléments d’une icône, l’écriture des inscriptions obéit à des canons (règles) spécifiques qui assurent le respect de la signification théologique en même temps que la beauté de l’ensemble. En effet, une belle icône, bien exécutée au niveau du dessin et de la peinture, perd beaucoup en qualité si les écritures qui l’identifient sont croches et inégales.

L’écriture dans le Livre, qui est presque toujours celui des Évangiles, pose un problème particulier car on se trouve en présence simultanée de lignes obliques et verticales.

Le schéma ci-contre est un exemple de conception d’un Livre en vue de l’écriture d’une citation. Soulignons en passant que sur les icônes, la citation n’est pas référencée – on écrit seulement le texte, sans la référence biblique.

Sur le dessin ci-dessus, les lignes pleines sont gravées dans le levkas à l’étape du dessin. Certain(e) iconographes ne gravent que le contour du livre, mais il est plus pédagogique de se donner des repères jusqu’à ce que notre maîtrise soit parfaite. A cette fin, il n’est pas interdit de graver aussi légèrement les lignes pointillées obliques. Elles serviront de guide pour assurer l’alignement du détail du haut et du bas des lettres, un aspect qui contribue beaucoup à l’harmonie de l’ensemble et à la lisibilité.

Sur le dessin, on voit également des lignes verticales plus pâles. Elles permettent de se pratiquer à éviter la grande difficulté de ce genre de calligraphie, laquelle vient de la pente des horizontales, nos habitudes d’écriture cursive faisant en sorte que l’œil a tendance à faire pencher les lettres vers la gauche ou la droite, selon la page où nous écrivons, alors qu’elles doivent rester verticalement bien droites.

Sur l’icône même, la surface gravée est peinte en blanc sur laquelle sont ensuite peintes les lettres noires. Il est très difficile de corriger les lettres noires sur le blanc, c’est pourquoi il est fortement recommandé de se pratiquer sur un gabarit papier avant de peindre directement sur l’icône. Les exercices sur papier peuvent débuter au crayon à mine, mais, pour être efficaces, ils doivent aussi se faire au pinceau.

N.B. Les lettres peuvent être plus élancées que ce que permet le schéma ci-contre qu’on adaptera selon les besoin de l’icône concernée. Plus les lettres sont hautes et fines, plus elles sont élégantes et belles. Le défi est alors celui de la lisibilité, laquelle est assurée par la finesse et la précision des lignes, surtout les verticales.

2. Remarque sur la perspective impliquée ici

Sur les icônes, le Livre des Évangiles est dessinée en planimétrie, c’est-à-dire sans effet de perspective linéaire. La perspective utilisée participe plutôt de l’axonométrie, dite aussi perspective parallèle.

L’Atelier d’iconographie Saint- André définit la perspective axonométrique comme une « représentation neutre, hors de l’espace ; les lignes de l’objet restent parallèles et rapprochent l’objet du spectateur. »1. La définition de Wikipedia est similaire, soit « une forme de représentation en dimension deux [deux dimensions] d’objets en dimension trois qui a pour objectif de conserver l’impression de volume ou de relief. Appelée aussi parfois perspective rapide ou perspective artificielle, elle […] ne représente pas ce que l’œil voit réellement : en particulier les parallèles restent représentées par des parallèles et les distances ne sont pas réduites par l’éloignement.»2

Exemples
Les architectures utilisent abondamment la perspective axonométrique en combinaison avec la perspective inversée. L’icône de l’Annonciation de l’école de Moscou, ci-contre, est un bon exemple de ces usages principaux. Le dais au dessus de la Mère de Dieu et le piédestal de l’Archange sont en perspective axonométrique, tandis que le piédestal de Marie ainsi que l’architecture au fond à gauche, derrière Gabriel, sont en perspective inversée.

Références


  1. Citation de l’Atelier Saint-André et images de cette page : http://www.atelier-st-andre.net/fr/pages/esthetique/perspective.html.
    Aussi dans Sendler, E. (1981). L’icône, image de l’invisible Paris : DDB. ↩︎
  2. Citation de Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Perspective_axonom%C3%A9trique. ↩︎

Laisser un commentaire